Les Licoornes étaient au programme de la fête de l’Huma dimanche 12 septembre 2021. On pouvait ressentir la joie des participantes et participants de se retrouver en vrai dans un festival, après cette longue séquence de restrictions dûes au Covid19. Nous avons pu présenter les Licoornes, détailler nos modèles, et échanger avec le public présent. Retour sur cette discussion à l’invitation du journal l’Humanité.

Bérengère de CoopCircuits, Alexandra de Railcoop, et Stéphanie de La Nef – Société financière ont présenté l’alliance de 9 coopératives engagées, bien décidées à transformer radicalement l’économie ensemble et couvrant de nombreux besoins du quotidien, dont CoopCircuits fait partie :
 
 électronique : Commown 
 mobilité partagée (covoiturage, autostop) : Mobicoop
 autopartage : Réseau Citiz
 ferroviaire citoyen : Railcoop
 fourniture d’électricité renouvelable : Enercoop
 finance éthique : La Nef – Société financière
 e-shop militant : Label Emmaüs
 opérateur télécom : TeleCoop France
 circuits courts : CoopCircuits

L’intérêt général comme point commun

Nous avons ouvert la discussion en détaillant ce qui nous rassemble.

Nous sommes des sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) sauf la Nef qui a été fondée avant que la statut SCIC soit créé, mais dont le fonctionnement et les valeurs rejoignent ceux des SCIC. Nous couvrons de nombreux besoins du quotidien et nos marchés sont d’échelle nationale.

 Mais ce qui nous rassemble avant tout, ce sont les valeurs : l’intérêt général est au cœur de nos projets d’entreprises et nos 9 coopératives ont décidé de s’allier pour promouvoir une alternative de consommation qui met l’économie au service de l’intérêt général.

 Au départ, chacune de nos coopératives porte à travers son initiative une vision engagée pour transformer son secteur à l’aune des enjeux de justice sociale et de crise écologique. Par exemple : Commown et l’économie de la faisabilité contre le modèle d’obsolescence programmée de l’électronique, Citiz (autopartage) contre le modèle de posséder sa voiture en ville, Telecoop promouvant la sobriété numérique et non la surconsommation de datas, CoopCircuits qui permet de reprendre la main sur les circuits de distribution alimentaires au lieu de laisser des intermédiaires s’enrichir au détriment des producteurs et des mangeurs etc…

En faisant alliance, nous voulons élargir notre capacité de transformation sociale, notre ambition est de transformer radicalement l’économie pour la mettre au service de l’intérêt général :

Il ne s’agit plus de transformer tel ou tel secteur avec une initiative, mais de transformer le rôle social des entreprises, et par-là le système économique. Il s’agit d’opposer au modèle capitaliste le contre-modèle de la Licoorne et d’embarquer dans cette dynamique un grand élan citoyen.

 Ce faisant, c’est une démarche avec une forte teneur politique : nous créons des activités économiques dont nous entendons démontrer la viabilité.  

Les Licoornes, des entreprises différentes jusque dans leurs structures 

La structuration en SCIC met au cœur de nos entreprises le partage des richesses et du pouvoir.

Partage des richesses : La loi impose aux SCIC de reverser 57,5% des résultats positifs dans l’entreprise. L’argent va donc prioritairement abonder le projet, et pas générer des profits pour les actionnaires. Une lucrativité limitée, des modèles non spéculatifs.

Partage du pouvoir, propre au fonctionnement coopératif : gouvernance 1 personne = 1 voix pour les votes en AG. Et multisociétariat : associer les différentes parties prenantes du projet à la gouvernance de l’entreprise (salarié.es, bénéficiaires, partenaires etc.)

Avec des modèles économiques innovants pour répondre aux enjeux écologiques et sociaux : circuits courts, économie de la fonctionnalité, réemploi, sobriété etc.)

Plusieurs questions de la salle ont porté sur la participation des travailleurs dans nos coopératives, et notre manière d’aborder les relations de travail. Encadrement des salaires et différences de salaires très réduites, co-construction de l’activité avec les parties prenantes dont les salariés, accès à la formation facilité, cadres de discussion favorisant la transparence et la co-construction de la politique sociale dans l’entreprise …. nos coopératives sont diverses par leur taille (230 personnes travaillent pour Enercoop, 6 pour CoopCircuits…) et leurs modalités de fonctionnement. Mais toutes ont mis en place des pratiques innovantes dans la relation au travail, respectueuses de travailleurs. 

Des actions communes pour nous renforcer

En juin 2021, lors du festival des coopératives « Onde de coop », nous avons rendu officielle notre marque commune « Les Licoornes » sur laquelle nous avons travaillé pendant 1 an. En effet, la première pierre de notre édifice consiste à faire connaître notre contre-modèle d’entreprise. Une marque commune nous permet de parler d’une seule voix, de toucher plus fort, et à des publics plus larges que ce dont nous avons l’habitude. C’est une première manière de promouvoir l’économie coopérative.

A présent, nous allons prendre la parole régulièrement dans l’espace médiatique par l’intermédiaire de cette voix commune pour défendre notre vision de l’économie, faire savoir qu’une autre économie est possible.

Créer cette marque ensemble nous a aussi permis de beaucoup échanger sur le projet, de le définir collectivement, de s’assurer que tout le monde était bien aligné avec les objectifs que l’on se fixe.  A présent, nous allons construire des solutions pour simplifier l’engagement des citoyens dans la consommation engagée : des offres communes ou partenariats entre nos différentes coopératives à venir. Ainsi par exemple, en octobre, Telecoop et Commown vont lancer une offre commune.  

En changeant notre consommation, nous changeons le monde.

Avec les Licoornes, nous défendons une action radicale, à travers les activités économiques dans nous portons dans ces coopératives : celle de transformer l’économie, pas seulement verdir ou améliorer l’existant.

En effet, tous les voyants sont au rouge : niveaux d’inégalités sociales, effondrement de la biodiversité, bouleversement du climat. Nous devons massivement nous tourner vers la sobriété, trouver d’autres raisons d’être heureux que d’avoir toujours plus, ou d’aller toujours loin.

Mais il nous importe que cette vision radicale que nous portons rassemble. Dès lors, comment à la fois rassembler et rester radicaux ? Le chemin est très étroit. Et ce sera un de nos chantiers,
 
 Notre projet d’alliance avec les Licoornes est enthousiasmant : rejoindre des communautés agissantes, qui inventent de nouveaux modèles d’échange, respectueux du vivant et solidaires, et concrètement changent le monde !