CoopCircuits était invitée le 4 juin 2024 à intervenir dans un webinaire d’Ecologica autour du thème de la RSE. Une occasion de partager notre point de vue engagé sur le sens des activités économiques, l’éthique dans les échanges économiques, et finalement la contribution ou non des entreprises à une société juste et respectueuse du vivant.

Ecologica?

Écologica est l’école supérieure de la transition résiliente, basée à Lyon, et dont les formations reposent sur « le changement de modèle en tant que raison d’être fondamentale. Tournée sur la résilience et l’invention d’une société post-croissance, elle se détourne de la traditionnelle RSE en proposant une autre approche philosophique. »

En toute logique, c’est une SCIC – Société coopérative d’intérêt collectif – comme CoopCircuits, et nos deux coopératives sont en lien pour coopérer parce que l’union fait la force bien sûr 🙂

Et si devenir responsable RSE était insuffisant?

C’était le thème du webinaire auquel notre collègue Bérengère a participé, au nom de CoopCircuits et des Licoornes, aux côtés de Franck Janin – Codirecteur d’Ecologica, Isabelle Huynh – Cofondatrice de l’Institut Transitions et de la Clavette et Antoine Clerc – Avocat au barreau de Lyon et administrateur de l’association Notre Affaire à Tous.

La responsabilité sociétale des entreprises (ou RSE) est définie par la Commission européenne comme « l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes ».

A partir de là, la RSE est-elle …

Utile? Selon nous, la RSE peut être un cadre utile pour les entreprises basées sur un modèle capitaliste « classique » qui essaient d’améliorer leurs pratiques sur le plan social et environnemental, « les petits pas », pouvant aider une organisation à questionner ses pratiques et cheminer vers des transformations majeurs. Donc utile oui, si l’ambition et la capacité à remettre en cause le modèle établi sont au rendez-vous.

Suffisante? Si la RSE se révèle être le paravent derrière lequel s’abritent les entreprises pour faire perdurer leur modèle tout en y saupoudrant quelques mesures sociales et écologiques, cela peut carrément être dangereux car laissant supposer que les pratiques RSE sont suffisantes et que l’entreprise peut continuer son coeur de métier adossée au modèle de croissance (sur-consommation, publicité, extraction de ressources fossiles etc.)

Insuffisante ! La croissance, même « verte », ne permet pas de relever les immenses défis écologiques (dépassement de toutes les limites planétaires) et sociaux (explosion des inégalités) actuels. Seule une transformation en profondeur des rapports économiques et sociaux le permet. On vous conseille de lire Timothée Parrique pour creuser le sujet.

C’est ce que nous défendons à CoopCircuits et dans les collectifs où nous coopérons (Les Licoornes et Open Food Network en particulier) invitons à changer

L’éthique en économie, qu’est-ce que ça signifie pour CoopCircuits?

Pour notre coopérative, c’est le chemin inverse qui est fait par rapport aux entreprises adoptant des politiques RSE :
En effet, ce qui a motivé la création de CoopCircuits, c’est de fournir un service éthique et respectueux du vivant. C’est la raison d’être de notre entreprise :

• soutenir la performance des circuits courts pour qu’ils deviennent la norme du commerce et de la distribution
  

Les circuits courts replacent les producteurs et les mangeurs au coeur du système de distribution, ce qui permet de fixer des prix justes pour le producteur et le mangeur, s’accorder sur des standards de qualité. Les circuits courts sont un moyen de sortir d’un système alimentaire très concentré (80 % des denrées alimentaires en France est achetée en supermarché et passe par 4 centrales d’achat) qui génère des externalités négatives insupportables en termes de revenu agricole, de pollution, d’accaparement des terres etc.

L’outil CoopCircuits pour organiser la commercialisation en circuit court aide les producteurs et les mangeurs à se mettre en lien direct, et ils sont souverains sur leur outil de travail.

• fournir un outil de gestion des ventes opensource

Le logiciel permettant à la plateforme CoopCircuits de fonctionner est publié sous licence AGPL V3, développé de façon mutualisée et collaborative au sein d’Open Food Network). C’est un commun numérique, une infrastructure inappropriable. Elle appartient à tous ceux qui veulent l’utiliser.

Et cela a des conséquences très concrètes et puissantes : pas de bug, une économie d’échelle car les coûts du logiciel sont partagés entre un grand nombre d’utilisateurs, et surtout une multitude de fonctionnalités qui permet à la plateforme CoopCircuits d’être utilisée par différents types de circuit court (producteurs en vente directe vendant seuls ou en groupement, épiceries s’approvisionnant en direct producteurs, groupements d’achat).

• dans le cadre d’une gouvernance partagée adossée sur la transparence des informations et le partage du pouvoir suivant le principe « un sociétaire – une voix »

• entreprise à lucrativité limitée 

• visant l’autofinancement, qui ne monétise pas les données personnelles des utilisateurs, ni les revenus publicitaires.
  

= Avec tout cela, le projet de l’entreprise ne peut pas dérailler, ou perdre le cap de l’intérêt partagé des associés, et donc nous ne pouvons pas perdre de vue l’objectif : soutenir le développement des circuits courts.

La coopération est plus puissante que la compétition

Voilà au final ce qui sous-tend l’ambition de notre coopérative. Nous nous appuyons sur l’économie des communs qui conceptualise un dépassement du capitalisme d’accaparement des richesses et des pouvoirs.

Pour aller plus loin sur l’économie des communs :

Les communs: le modèle de “l’après” capitalisme libéral ? article de Myriam Bouré, co-fondatrice de CoopCircuits

Le siècle des communs article de Usbek & Rica

Le sujet vous intéresse? Le webinaire est disponible en replay